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10 janvier 2015 6 10 /01 /janvier /2015 15:25

POURQUOI JE NE MARCHERAI PAS DIMANCHE (ni aujourd'hui) avec les racistes, frontistes et bisounours de ma communauté de communes

Je fais partie des journalistes qu’on a menacés de morts dans l’exercice de leur profession.
Quelques-uns de mes camarades ont été assassinés dans l’exercice de leur profession.
C’est à dire que quelqu’un leur a tiré une balle dans la tête ou le cœur pour qu’ils meurent, et qu’ils sont morts....
Parce qu’ils travaillaient sur des sujets et d’une manière qui déplaisait à leurs assassins.
Les Charlie(s) ont été assassinés dans l’exercice de leur profession parce qu’ils travaillaient sur des sujets et d’une manière qui déplaisait à leurs assassins.
L’irrévérence était pour eux une manière d’honorer l’intelligence. Leur lucidité aussi.
Certains de leurs dessins m’ont fait hurler de rire. De certains, j’ai pensé « putain, ils sont vraiment gonflés ».
Je ne peux pas me retrouver à défiler à leur mémoire avec ceux dont je connais les propos racistes et/ou antisémites, les tendances frontistes et/ou l’idéologie moudugenou qui consiste à regarder avec inquiétude tout ce qui va au-delà de la bonne convenance.
Je sais, on va me répondre, c’est beau cette France qui se lève. C’est plein d’émotion (ah ! le mot immense auquel nous sommes désormais censés tous adhérer).
J’aimerais me laisser séduire par ça. Je ne peux pas.
Ce qui est en jeu de mon humble point de vue, demande encore plus d’irrévérence.
J’ai du mal avec la bourse de New York affichant sous le mot Nasdaq « Je suis Charlie ». Avec Zemmour invité ce matin à France-Culture. Avec Arnold Schwarzenegger qui s’abonne à Charlie. Avec les Frontistes désormais invités dans les rédactions comme n’importe qui d’autre. Avec ces musulmans dont on exige qu’ils annoncent leur loyauté républicaine (l’exige-t-on du blanc chrétien frontiste ?). Avec l’omniprésence dans les médias de Philippe Val, ex-directeur de Charlie Hebdo, pleurnichant « Tous ses amis qu’il a perdus » (j’ai piqué la phrase sur un blog).
Je ne veux pas participer à cette entreprise de persilschein (nazis se faisant blanchir après-guerre par des milliers de certificats de complaisance).
Elle repose sur trop de leurres, de faux-semblant, de fauxculisme.
J’entends bien que certains trouveront dans ces marches le courage de mettre en œuvre leur courage, tant mieux.
Je marcherai chez moi, promis j’allumerai une bougie, je me montrerai solidaire, patriote. Et pour finir je montrerai peut-être mon cul aux salopards qui dès demain recommenceront à dire que « quand y’en a un ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes".
Toujours très fraternellement,
Dominique Sigaud

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