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6 juillet 2013 6 06 /07 /juillet /2013 11:00

Lu ce matin dans Libé une interview de Stanislas Nordey s'insurgeant clairement contre certaines dérives du rapport à l'artiste. On retrouve la même chose désormais dans les mises en concurrence d'écrivains pour des résidences. Et il y a même pire : les institutions ouvrant des "appels à candidature" pour recevoir un écrivain demandent de plus en plus souvent un projet d'écriture pendant le temps de la résidence et se permettent de juger de la qualité et de l'opportunité dudit projet. Ca signifie que 3 mois à l'avance, je dois dire à une commune, une médiathèque ou tout autre lieu invitant : pendant que je serai chez vous, j'écrirai sur tel sujet, ça ressemblera à ça, etc. Comme si on pouvait savoir 3 mois à l'avance ce qu'on va écrire. C'est une négation même de ce qu'est écrire. Et question  : quels peuvent bien être les critères d'une institution pour juger de l'intérêt d'un projet littéraire ??? S'agit-il de privilégier désormais des écritures institutionnelles? Qui font plaisir aux institutions? S'agit-il désormais de gommer précisément le fait qu'on ne peut pas savoir à l'avance ce que sera un texte, et heureusement? S'agit-il désormais de supprimer la sauvagerie de l'écriture? Je présume que oui, j'ai tendance à le penser. Le payeur annule désormais l'idée même de liberté de création. Les résidences étaient censées être un mécanisme de soutien à la création. Renversement renversant de la donne. Soit tu t'y plies, soit tu n'es pas pris dans les résidences et donc tu ne peux plus bénéficier de ces compléments indispendables de revenus.

 

Stanislas Nordey

Aujourd’hui, pour les nominations à la tête des centres dramatiques nationaux, on assiste à une sorte de «mise en concurrence» entre les artistes, et je trouve ça terriblement déplaisant. Comme une course de chevaux où on ne connaît pas ses chances au départ. Comme si les parcours, les chemins de vie n’existaient plus.

Ce n’est pas une façon de rendre les processus de nomination plus transparents ?

C’est une couillonnade. Quand tu vas te présenter à Valence, puis à Bordeaux, puis à Lille ou ailleurs, et qu’à chaque fois tu es obligé de refaire ton speech, ton numéro, c’est comme si cela entérinait l’abandon d’une éthique. On place les artistes dans une situation impossible, dans une concurrence absurde.

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