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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 11:19

Vichy, de Sarkozy à ses opposants

 

Avant 2007 déjà, « l’argument de Vichy » fonde la critique contre certaines pratiques d’Etat ; ici par exemple, en 2006 : « La répression de l’immigration illégale telle qu’elle est conduite par le Ministre de l’Intérieur (Nicolas Sarkozy) et les procédés qu’elle met en oeuvre (…) évoquent inévitablement, aux yeux de certains de nos concitoyens, les années noires de 1940-1944 et le sombre souvenir des persécutions antisémites » écrit l’ethnologue Emmanuel Terray, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociale[1]. Sur le terrain et sur internet, l’argument est également repris ça et là par des militants, défenseurs des droits de l’homme, etc.

Puis le candidat Sarkozy lui-même, pendant la campagne de 2007 multiplie les rappels à la période de Vichy, d’abord sous forme d’une valorisation de la résistance : après plusieurs références à Guy Môquet, il se rend le 4 mai aux Glières, puis le 6 mai, au monument de la cascade du Bois de Boulogne où des résistants ont été abattus en 1944. Mais, dans le même temps, en rupture avec Jacques Chirac, il amorce dans son récit fait à la France un glissement important : « Ici, on n’aime pas la repentance, cette mode exécrable qui veut faire expier aux fils les fautes supposées de leurs pères (…) qui est un dénigrement systématique de la France et de son histoire. Je déteste cette repentance qui est une forme de la détestation de soi parce que l’on n’a qu’un pays. Le détester c’est se détester soi-même », discours du 17 avril 2007.

Se repentir signifie « ressentir le regret d’une faute, accompagné du désir de ne plus la commettre, de réparer ». Reconnaître les fautes de la France, selon ce glissement, reviendrait à ne pas aimer la France. Mêler au sein d’un même discours, ce motif et la valorisation de la résistance, impose une injonction paradoxale (voir en conclusion). Phase 1 : Les résistants doivent être un modèle pour nous (or ces hommes ont donné leur vie pour s’opposer à l’Etat français à raison des fautes qu’il commettait). Phase 2 : ceux qui estiment que le France a commis des fautes, détestent la France. Je laisse au lecteur la liberté de conclure.

Le 4 octobre 2011, dans les Cévènnes, Nicolas Sarkozy loue encore la mémoire d'un pasteur ayant appelé en 1942  à «ne pas plier devant la politique de Vichy et résister à sa politique antisémite. (…) Résister, ce mot est à lui seul, pour une famille comme un pays, le plus bel héritage.» Mais dans le même temps, il développera des choix politiques multipliant à son égard, y compris de la part de résistants historiques, les accusation de « vichysme rampant ».

 

« Je comprends aisément pourquoi le parallèle entre 1942 et 2007 fait peur à mes confrères, écrit le journaliste Daniel Schneidermann en septembre 2007. Moi aussi, ce parallèle me tétanise. Qu'il vienne et revienne à l'esprit, à la faveur de telle ou telle image (des objectifs chiffrés d'expulsions … des convocations-piège à la préfecture) et le premier réflexe est de le chasser aussitôt de son esprit. Les situations ne sont pas comparables. Rien à voir. Les raflés ne sont pas envoyés à Auschwitz. Ils disposent en France de tous les recours d'un état de droit. Le pouvoir qui a donné ces consignes a été légitimement élu. Etc. Pourtant, le pouvoir, lui, ne s'en prive pas, de ce parallèle. La référence abusive à l'Occupation se niche dans chaque recoin du discours sarkozyste.[2] » Ainsi fonctionne ce que j’appelle « le piège » : la référence a bien lieu mais quiconque la souligne, éprouve aussitôt une forme de culpabilité.

 

la droite aussi utilise Vichy .. contre ses adversaires  

Et tandis que « l’argument de Vichy » vaut à ceux qui l’emploient de cinglantes réponses sur leur supposée malhonnêteté intellectuelle, le pouvoir (au sens large) n’hésite pas à  reprendre le même argument à son compte ; nouveau paradoxe…

 

Interrogée sur la plainte déposée par Nicolas Sarkozy contre le site du Nouvel Observateur -qu'il accuse de “faux” à propos d'un SMS-, son épouse déclare : « Si ce genre de sites avait existé pendant la guerre, qu’en aurait-il été des dénonciations de juifs ?… »
[3] Claude Guéant, cette fois, ne relève pas. Trois jours après, le secrétaire d'État UMP Roger Karoutchi compare les mêmes "attaques" [publication du SMS] à celles subies par Jean Zay "mi juif, mi protestant" assassiné par la milice de Vichy en 1944. Cette fois, la fille de ce dernier, Hélène Mouchard-Zay, répond « Je ne peux taire mon écœurement devant cette assimilation entre, d'un côté, les mises en cause du comportement politique de M. Sarkozy et, de l'autre, les attaques antisémites et les appels au meurtre (…) qui, se poursuivant sous Vichy, désignèrent Jean Zay aux coups de ses assassins. Que M. Karoutchi s'abandonne à un total confusionnisme politique et historique, c'est son affaire, et chacun pourra en penser ce qu'il voudra. Mais je refuse à ce Monsieur le droit d'instrumentaliser l'histoire tragique et la mémoire de mon père »[4].

A l’université d’été du Medef en août 2009, Nicolas Sarkozy déclare « A quoi sert-il d’expliquer à nos enfants que Vichy, la collaboration, c’est une page sombre de notre histoire, et de tolérer des contrôles fiscaux sur une dénonciation anonyme, ou des enquêtes sur une dénonciation anonyme ? ». Le 6 juillet 2010, le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand, accuse Mediapart : « Un site qui utilise des méthodes fascistes à partir d'écoutes illégales » ; « Méthodes collaborationnistes » préfère le député UMP-Droite Populaire Eric Raoult. « Est-ce que la liberté d'expression existe ou pas pour les hommes politiques ? » s’insurge X. Bertrand après avoir été attaqué en diffamation par Mediapart, sous-entendant qu’on lui dénie le droit de porter cette accusation.

 

Fin septembre 2010, après publication du livre de l’ancien ministre Martin Hirsch[5], Jean-François Copé l’accuse de «délation», et invoque les «Justes» qui ont sauvé leurs parents juifs de la barbarie nazie. « Venant de celui qui s’est dit «scandalisé» par l’évocation de Vichy à propos des expulsions de Roms, cette surprenante évocation semble trahir une perte de sang-froid »[6].

   

Vichy-Sarkozy ; comparaison passible de justice (pour certains)  

(article repompé par un journaliste de rue89)

La référence à Vichy, utilisée cette fois comme argument critique par des militants et opposants politiques, en conduira quelques-uns devant les tribunaux. Mais dans certains cas seulement.

Quelques militants ont été condamnés symboliquement par la justice pour diffamation d'administrations publiques après avoir comparé leurs actions à celles de Vichy. Romain Dunand, de RESF[7] Jura, est condamné à 800 € pour avoir adressé en décembre 2006 au ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, un courriel « Voilà donc Vichy qui revient : Pétain avait donc oublié ses chiens ! », après l’interpellation d’un instituteur ayant suivi le véhicule de police emmenant pour expulsion le père de deux enfants scolarisés à Marseille. Le 26 novembre 2007, la cour d’appel ramène l’amende à 600 €.

Choquée par l’expulsion d’une jeune Géorgienne, en décembre 2007, Simone Levavasseur, militante associative écrit au Préfet de Haute-Saône que « par de tels actes, il « déshonorait la France » ; « Il ne faut pas être profondément d’origine française pour ne pas le comprendre, ou bien être nostalgique de la période hitlérienne ». Elle sera condamnée à 300 € d’amende transformés en sursis à l’appel.

 

En revanche, les hommes politiques, journalistes et intellectuels ayant fait ces comparaisons n’ont pas fait l’objet de plaintes.

 

Le 25 octobre 2009, Pierre Laurent, alors numéro deux du PCF, fustige un «retour du pétainisme le plus nauséabond» lors du lancement par Eric Besson du débat sur «les valeurs de l'identité nationale».

Le 6 Août 2010, l’ancien premier ministre socialiste Michel Rocard, sur la proposition de  loi instaurant la responsabilité pénale collective pour les parents de mineurs délinquants (voir plus bas) déclare : « On n’avait pas vu ça depuis Vichy, on n’avait pas vu ça depuis les nazis ».

L’anthropologue Emmanuel Terray qui publiait en octobre 2006 « 1942-2006 : réflexions sur un parallèle contesté » dans lequel, tout en reconnaissant qu’« il existe entre les deux épisodes des différences considérables [qu’] il serait absurde de [...] nier », affirme la « légitimité » de la comparaison de la politique actuelle envers les étrangers et de la politique anti-juive du gouvernement de Vichy, revient en 2008 sur le sujet : « J’ai précisé dans quelles limites je faisais ce rapprochement. Il n’y a pas de comparaison possible si l’on prend les deux situations globalement : la période de Vichy est marquée par l’extermination. Mais si l’on compare le rôle de la police et de l’administration françaises, les similitudes sont beaucoup plus nombreuses. Dans les deux cas, la puissance publique a désigné un groupe d’indésirables qu’il fallait mettre à l’écart dans la société. Les contrôles d’identité, les rafles, les convocations piège et les arrestations dans les écoles sont les mêmes pour la police française pendant l’Occupation. »

Leurs propos n’ont pas donné lieu à des poursuites.

 



[1] Son texte dont Le Monde refusa la parution, a été publié le 15 octobre 2006 sur le site du Cedetim
[2] http://arretsurimages.net/, 30 septembre 2007 
[3] L'Express du 13 février 2008
[4] Nouvelobs.com | 18.02.2008
[5] « Pour en finir avec les conflits d’intérêts »
[6] Alain Auffray, Liberation, 29.09.2010 
[7] Réseau Education Sans Frontière

 

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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 11:05

J'ai décidé de publier sur mon blog, durant l'entre-deux tours des élections présidentielles, le contenu d'un manuscrit "Vichy, Saison 2?" qui devait être publié en février 2012 et fut finalement annulé par l'éditeur, trouvant que j'y prenais trop de précautions.

Puisque Nicolas Sarkozy a décidé d'effacer les 5 ans de son quinquennat et de se refaire une virginité de dernière minute pour accéder une nouvelle fois à la tête de l'Etat, j'ai décidé de mon côté, de rappeler ce qu'a été ce quinquennat sous un angle particulier : en quoi il n'a cessé de renforcer la division au sein de notre Nation et d'affaiblir le socle des fondamentaux républicains hérités du redressement politique engagé à la Libération.

 

"On ne traumatise pas les enfants en leur faisant

ce cadeau de la mémoire d'un pays, pour leur dire un jour,

c'est vous qui écrirez l'histoire de ce pays. Nous, nous en sommes

la mémoire, ne refaites pas les mêmes erreurs que les autres"

Nicolas Sarkozy, le 15 février 2008 à Périgueux.

 

« Je pense qu'on se construit en transgressant (…). Moi-même, j'ai créé mon

personnage en transgressant certaines règles de la pensée unique. Je crois en la

transgression. Mais ce qui me différencie des libertaires, c'est que pour

transgresser il faut qu'il y ait des règles! (…) de l'autorité, des lois. L'intérêt de

la règle, de la limite, de la norme, c'est justement qu'elles permettent la transgression.

Sans règles, pas de transgression. Donc pas de liberté. Car la liberté, c'est de transgresser.

Nicolas Sarkozy, avril 2007

 

« J’ai voulu parler de la France parce que depuis trop longtemps elle était dénigrée et

parce qu’à force de l’abîmer, à force de l’abaisser, à force de renier son histoire, sa

culture, ses valeurs, à force de tout détester, de détester la famille, la patrie, la religion, la société, le travail, la politesse, l’ordre, la morale, à force on finit par se détester soi-même.

Et je pense que la détestation de soi est toujours le commencement de la détestation de l’autre.

Nicolas Sarkozy, avril 2007

les raisons d’un titre

J’ai beaucoup hésité, -qu’on se rassure- sur ce titre qui s’est imposé d’emblée mais pouvait m’exposer au reproche d’un « bon mot » indécent et falsificateur. J’en ai essayé d’autres, plus neutres. Mais ce que j’ai appris au cours de ce travail m’a convaincue de le garder.

La notion de « saison » appliquée aux fictions télévisuelles, implique la présence de « héros récurrents dans une continuité narrative ». Dans le cas présent, il s’agit de savoir dans quelle mesure la façon dont le sommet de l’Etat fait, à la France, son récit de la France, fait preuve sur certains points de « continuité narrative » avec le récit fait de la France et à la France, par et sous Pétain.

« L’histoire ne repasse pas les plats », assurait l’écrivain antisémite Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline ; « Il arrive que l'histoire repasse les plats mais ce sont rarement les meilleurs »,  complétait le médaillé de la Résistance et Académicien français André Frossard.  « Celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné à  la revivre », concluait Karl Marx, ajoutant « La tradition de toutes les générations mortes pèse très lourd sur le cerveau des vivants ».


à l’origine de ce livre 

Fin 2005, j’entame un travail sur les maisons occupées en France par la Gestapo allemande[1] achevé en 2011, de quoi compléter mes connaisssances sur le régime dit de Vichy. Pendant ce temps, la vie politique suit son cours, campagne présidentielle, élection de 2007, quinquennat Sarkozy. Au début, je note simplement des rapprochements entre les deux. Lettre de Guy Môquet ; confier « la mémoire d'un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah" aux élèves de CM2 ; plateau des Glières, nouveau pèlerinage présidentiel ; retour du mot rafle ; gendarmes arrêtant des enfants dans les écoles. Des échos, donc. Mais en 2008, Brice Hortefeux, ministre de l'Immigration, de l'Intégration et de l'Identité nationale, critiqué pour son organisation d’un sommet de l’Intégration à Vichy, réplique "Il faut arrêter (…) de faire payer à Vichy tous les péchés du monde", puis "Je ne ferai pas de politiquement correct » , « Je revendique à mort le choix de Vichy ». Etant donné le travail que je suis en train de faire sur Vichy et la mort à l’œuvre sous ce régime, cette formule me trouble particulièrement. J’ouvre un dossier « Vichy II » pour l’archiver.

A partir de là, j’entends tout ce qui fait resurgir Vichy. A partir de là aussi, je suis prise au piège : comment imaginer que derrière la formule, Brice Hortefeux revendique l’héritage politique de Vichy ? Comment ne pas me sentir coupable d’une telle pensée ? Comment ne pas relier pourtant cette coupable pensée et des actes et discours faisant le lien entre le gouvernement auquel il appartient et l’idéologie vichyste ? Comment comprendre son « à mort » ? Réponse raisonnable : c’est juste un effet de langage. Nicolas Sarkozy n’a fait exprès non plus de mettre la famille et la patrie au premier rang des valeurs détestées par ces Français qui nous veulent du mal.  C’est moi qui suis coupable de leur prêter de troubles intentions ; moi et tous ceux qui ne peuvent s’en empêcher.

Je consigne néanmoins, à partir de là, tous les rapprochements entre l’actualité et mon travail sur 1940-1945. Mon manuscrit sur la gestapo terminé, je reprends la liste, elle m’étonne moi-même : il y a, venant de l’Etat, des lois ou propositions de lois, décrets, déclarations et termes, mais aussi dans la classe politique insultes et invectives se référant à Vichy. Une certaine « continuité narrative », donc. La somme en tout cas m’a paru justifier sa publication. C’est l’essentiel de ce petit livre : ce qui, dans les actes et discours des gouvernements Sarkozy a soulevé le parallèle avec ceux du régime de Vichy. Les faits sur lesquels s’appuie le parallèle. Et, au-delà, la façon dont Vichy et la période de l’occupation ont resurgi dans le discours actuel. Et donc, en filigrane, la question de quoi ce retour est-il le nom, pour paraphraser le philosophe Alain Badiou.[2]

 

1940-44, le retour ?

Pas un mois depuis 2007 sans que « Vichy » ne fasse son retour dans le discours politique. A l’approche de l’élection de 2012, le phénomène s’accélère encore ; s’y ajoute une étonnante reprise du « motif allemand ». « Comme en 40 », les uns vantent le modèle allemand, là où d’autres sont taxés de germanophobie, on réentend les noms de Bismarck (Montebourg) "Daladier à Munich" (Jean-Marie Le Guen ). Des journaux titrent sur « le retour de l’anti-France »[3]

Ce fut déjà le cas en 1980 à l’approche d’une élection présidentielle cruciale. « La vérité, écrit par exemple Jean-Pierre Chevènement dans Le Monde du 8 octobre 1980, est qu'une véritable osmose s'est créée entre une partie du personnel dirigeant giscardien et l'extrême droite française, de Vichy au Club de l'Horloge ».

Vichy, paradigme récurrent de la lutte politique exacerbée ? Hypothèse plausible ; le conflit iédologique y était à son comble. Pétain accclamé par la foule à l’Hôtel de Ville de Paris quelques jours avant le débarquement, en avril 1944, tandis que d’autres depuis longtemps déjà sont morts ou paient dans des camps leur lutte contre son régime.

 

« Vichy » dans la production narrative de gauche à droite

Dès la campagne de 2007, la période de l’occupation est un des axes majeurs du discours en deux temps de Nicolas Sarkozy : appui récurrent à la « vraie » France des résistants et rejet de toute « repentance » à l’égard de cette période. Le même clivage est présent à droite durant le quinquennat : des élus UMP -Droite Populaire vont jusqu’à réutiliser des insultes pétainistes (l’Anti-France), là où d’autres utilisent « l’argument de Vichy » pour critiquer des projets gouvernementaux. A gauche, la « pétainisation » est régulièrement brandie par des responsables politiques et militants de terrain. Sans oublier une extrême droite n’hésitant pas, par exemple, à comparer les "prières de rue" des musulmans et un état d'"occupation" en référence claire à celle des nazis[4].

Une contamination du discours politique, donc ; on s’envoie Vichy à la figure. Pour les uns, Vichy marque une ligne rouge à ne pas franchir, que d’autres présentent comme un frein voire une censure au débat et à l’action politique. «La dernière fois qu’on a eu des registres communaux (des étrangers) c’était durant Vichy. Alors évidemment les bonnes consciences morales disent “Ce n’est pas possible de faire dans la République ce qu’on a fait sous Vichy”. Mais le 1er-Mai, tout le monde le fête!» (Lionnel Luca, UMP-Droite Populaire, 7 juillet 2011).

A y regarder de plus près, le clivage se joue autour d’« interdits » politiques voire éthiques, globalement admis depuis la Libération : après Vichy, sous-entendu après sa collaboration au nazisme, sa participation au crime contre l’humanité et à la fascisation de l’Etat, aucun responsable politique républicain ne peut s’autoriser certaines postures, que certains semblent aujourd’hui prêts à réendosser.  

 

Vichy dans le(s) récit(s) de la France fait(s) à la France

«La vraie France n'était pas à Vichy… La vraie France, … elle avait la voix du général de Gaulle, elle avait le visage des résistants», dira Nicolas Sarkozy le 8 mai 2008. Aimable fiction ; la France en 1944 était à Vichy autant qu’à Tulle ou au Mont Valérien. Et le Président le sait. A l’autre vraie France, il parle « de la France …dénigrée … abîmée … abaissée (par ceux qui) détestent la famille, la patrie, la religion, la société, le travail, la politesse, l’ordre, la morale ».

Exemple emblématique : le second discours utilise le lexique vichyste, travail, famille, patrie, ordre et morale. Mais le dire expose, au pire, au reproche de manipulation, au mieux à un « ce n’est pas possible, il ne peut pas l’avoir fait exprès », que me renverront nombre d’interlocuteurs préférant repousser une idée trop insécurisante. D’autres prises de parole montreront pourtant un clivage similaire entre discours manifeste adressé à la France « résistante » et sous discours à l’opposé.

« Il est, dans la vie d'une nation, des moments qui blessent la mémoire, et l'idée que l'on se fait de son pays. Il est difficile de les évoquer, aussi, parce que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'Etat français. La France, … ce jour-là, accomplissait l'irréparable (rafle du Vel d’Hiv). … Soixante-seize mille déportés juifs de France n'en reviendront pas. … Ne rien occulter des heures sombres de notre Histoire, c'est tout simplement défendre une idée de l'Homme, de sa liberté et de sa dignité. C'est lutter contre les forces obscures, sans cesse à l'oeuvre. (…) Cinquante ans après, notre pays doit assumer toute son histoire. Le blanc comme le gris. Les heures de gloire comme les zones d'ombre ». Ces discours du Président Jacques Chirac en 1995 et 1997 voulaient restaurer une mémoire sans amnésie.

Disant vouloir ouvrir « une nouvelle page de notre Histoire », le candidat Sarkozy fera un autre choix : le rejet d’une « repentance » censée amoindrir notre amour de la Nation. J’y reviendrai.

« La droite est sortie honteuse de la guerre. Depuis la Libération, la gauche exerce un magistère moral sur l’histoire, distribuant les bons et les mauvais points : à gauche le parti des fusillés, à droite les collaborateurs. Même Chirac n’a jamais dit qu’il était de droite, et Jospin n’a pas hésité à dire de la droite qu’elle était héritière d’un courant anti-dreyfusard, antisémite et raciste… il (Sarkozy) a sorti nos valeurs de la réclusion, commente Patrick Devedjan le 10 avril 2007, il redonne sa dignité à la droite, la droitisation de la société permet aujourd’hui ce réajustement idéologique qui anticipe la victoire politique… »[5]. Resituant d’emblée la posture politique de celui qui allait devenir Président, par rapport à l’occupation et Vichy, cette déclaration éclaire certaines attitudes à venir. Et soulève la question des droites : les résistants et mouvements de résistance issus de la droite ont été suffisamment importants pour que la droite dans son ensemble n’ait pas à sortir honteuse… non pas de la guerre d’ailleurs, mais de la Collaboration. Cette apparente confusion ne sera pas sans effet sur le quinquennat Sarkozy.

 

Alors certes nous ne sommes pas dirigés par un Etat collaborant avec des nazis à l’extermination des Juifs d’Europe. Ni dans un Etat pourchassant communistes, franc-maçons, gaullistes, et en dressant des listes d’otages à fusiller ou créant des milices torturant à mort ses opposants. Nous ne sommes pas non plus dans un Etat fasciste sans contre-pouvoirs. Sur ce point, les choses sont claires. Il ne peut y avoir d’amalgame, « méthode consistant à englober artificiellement, en exploitant un point commun, diverses formations ou attitudes politiques ».[6] L’argument sera d’ailleurs utilisé par le pouvoir pour disqualifier toute critique s’appuyant sur la Shoah en France. Ici, Claude Guéant le 1er septembre 2010, après la polémique sur la réquisition d’un tramway RATP pour expulser des familles roms : "Un certain nombre d'amalgames que j'ai entendus avec la Shoah, … sont spécialement scandaleux. … des propos comme ceux-là banalisent la Shoah et, finalement, encouragent au négationnisme" : faire référence à la Shoah, dans un contexte non génocidaire, reviendrait à nier la Shoah. Une autre lecture des mêmes faits est pourtant possible : c’est parce qu’il y a eu la Shoah, que tout retour à des pratiques l’ayant rendue possible déclenche « l’argument de Vichy ». Il serait effectivement insupportable d’amoindrir de quelque manière que ce soit la réalité de l’extermination des 80.000 Juifs de France, qui est et restera une des marques d’infamie de notre pays, et des corruptions idéologiques, intellectuelles et politiques qui l’ont favorisée. Et parce que nous portons collectivement la mémoire de l’infamie et de ce contexte idéologique et politique, certains s’élèvent contre toute pratique d’Etat renvoyant aux circonstances qui l’ont produite. Dire « rafle » à propos de sans-papiers dont nous savons qu’ils ne seront pas conduits à l’extermination, c’est opposer une fin de non-recevoir à tout acte assimilé aux conditions préexistants à la faute de Vichy. La mémoire de la Shoah, dans ce sens, loin d’être affaiblie ou « écrasée » (au sens informatique du terme) est au contraire, me semble-t-il, la référence fondatrice et fondamentale à l’aulne de laquelle sont jugés ces actes officiels.

 

¨



[1] « Le piège des loups, les 175 maisons de la gestapo en France », Stock 2012

[2] « De quoi Sarkozy est-il le nom ? », Nouvelles éditions lignes 2007

[3] Libération, 12.01.2012 « L’UMP joue le retour de l’anti-France »

[4] «Je suis désolée (sic), mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c'est une occupation du territoire» (Marine Le Pen 10.12.2010) après le célèbre "En France du moins, l'Occupation allemande n'a pas été particulièrement inhumaine » de Jean-Marie Le Pen en janvier 2005

[5] Le Monde 10/04/07

[6] Le Petit Robert 1, 1989

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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 14:01

Je cherchais depuis quelques années ce qui différenciait vraiment ma jeunesse (dans les années 70 ...) de celle d'aujourd'hui, à part les ennuis techniques de type sida, chômage. Impossible de trouver, il y a toujours des baba cool, des hippies et leur contraire, la même proportion de jeunes ayant envie de changer le monde ou de gagner beaucoup d'argent, de trouver celui des parents nul, de se consacrer aux Africains affamés, de faire la fête et l'amour, les drogues etc, les différences ne se situant que dans des histoires de proportions et de degrés.

Mais ce matin, j'ai compris. Le directeur de Sciences Po meurt. A deux heures du matin (sic!) l'école doit ouvrir les portes devant l'afflux de jeunes terriblement affectés, ils se sentent orphelins (resic), ils allument des bougies, ils pleurent les larmes de leur corps.

J'écoute ça, médusée et enfin je comprends que j'ai trouvé la différence essentielle, fondamentale. Nous étions en quête de liberté, nos profs étaient des profs, on pouvait les aimer, être très affectés s'ils mouraient mais leur vie et la nôtre étaient deux entités bien séparées. Eux sont en quête de regroupement, de "lien", l'émotionnel et d'autant plus l'émotionnel rendu public occupe une grande place. Ils cherchent de l'identique et du même où nous cherchions de la singularité. Chacun de nous devait exister (et non vivre) autant que possible, en tant que tel,et nous savions qu'il y avait un prix à payer. J'ai étudié à Sciences-Po, lieu à l'époque de remise en question des vieux moules et de recherche d'une pensée novatrice, à part dans les coups de foudre entre étudiants, l'émotionnel restait à la porte.

Une pensée m'a traversée, fugace, étrange : ça facilite le fascisme. J'ai compris pourquoi après. Quand l'émotion conduit la foule, la rend grégaire, alors il y a fort à craindre de ceux qui sauront la manipuler -et il y toujours des candidats à ce genre de rôle et de poste. L'émotion annule l'esprit critique et presque, s'en défend.

Les petits d'aujourd'hui sont gavés en effet de discours émotionnel, émotiogène. Faire ouvrir une école à 2h du mat pour pleurer son directeur est hystérique (je cite certains des symptômes)  : "égocentrisme important ; besoin d’être apprécié de l’entourage qui  conduit à adapter idées et opinions à l'audience ; exubérance et grande démonstrativité ; théâtralisation avec dramatisation de toutes les situations ; besoin avide d’affection et de séduction ; tendance à nouer des liens assez factices".

La névrose hystérique étant décrite (rapidement) comme une "fixation symbolique de l'angoisse sur des symptômes, l'angoisse n'étant pas vécue comme telle mais convertie", la question se pose de savoir si ce n'est pas justement cette émotionalisation du monde qui leur procure de l'angoisse. Et on pourrait le comprendre : l'émotionalisation masque le monde sous prétexte de le montrer plus "gentil" qu'il n'est. Or ces jeunes savent bien, en fait, ce qu'est le monde. Ils sont donc dans une sorte d'impasse. Ca manque cruellement de symbolisation ; on dérape donc vers de l'imaginaire, de la théâtralisation.

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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 21:22
Suppression des droits d’auteur

(texte publié sur AgoraVox : http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/suppression-des-droits-d-auteur-113680)

 Depuis le 1er mars 2012, après un vote obtenu à la nuit tombée par une poignée de députés de la majorité présidentielle, les droits d'auteur sur les oeuvres publiées avant le 1er janvier 2001 et non rééditées sont supprimés dans le cas d'une diffusion numérique...


Un cas tout récent est particulièrement démonstratif de cette méthode de "libération" des plus riches au dépens des plus pauvres vient de se produire le 1er mars 2012, dans notre beau pays de France, en toute impunité et bien discrètement par un vote de députés de l'actuel majorité présidentielle.

Venons en au fait : le 1er mars, alors que la campagne électorale bat son plein  en catimini, à la nuit tombée, quelques députés UMP n'ont pas hésité à voter une loi qui spolie les auteurs, dessinateurs, traducteurs, scénaristes,etc de leur maigre revenu (la plupart de ceux qui vivent comme auteur dans le monde de l'édition contemporain ne reçoivent que des miettes...bien minimes comme seules rémunérations de leur travail). Cette spoliation s'effectue au profit des grandes organisations qui numérisent des livres et qui ne se gênent guère pour revendre d'une façon ou d'une autre leur production et à bon prix sur Internet. D'autant plus à bon prix que "grâce" à cette loi, ils auront désormais le droit de prendre des œuvres sans payer un centime à leurs auteurs ou à leurs ayants droit !

Oui, vous avez bien lu, il n'y a plus aucune rémunération attachée à la création d'un auteur si on reprend cette création pour la diffuser numériquement.

Nous citons ici le texte, concernant cette loi, du collectif "Le droit du serf" que vous pouvez
retrouver sur Facebook.

"Cette loi, issue d'un accord-cadre entre le Ministère de la Culture et de la Communication, le Commissariat général à l'investissement, le Syndicat National de l'Edition, la Société des Gens de Lettres et la Bibliothèque Nationale de France établit en effet qu'une société privée contrôlera l'exploitation numérique de leurs œuvres sans que les auteurs ou leurs ayants droit en soient informés personnellement. Seront concernés par cette loi tous les textes publiés par des éditeurs avant le 1er janvier 2001 et qui ne "seraient plus disponibles" (sauf en bibliothèque ou sur le marché de l'occasion), et ce quelle que soit leur nature."

On soulignera que l'argument donné à cette loi est bien sûr "culturel", mais on remarquera aussi qu'elle ne vise que des œuvres passant par un éditeur, donc des œuvres commerciales. On remarquera aussi que la notion de "plus disponible" est des plus vagues et qu'elle laisse la place à tous les abus possibles. Abus d'autant plus facile qu'en France, l'accès à la justice est d'abord une affaire d'argent. La commission de l'Union Européenne a d'ailleurs épinglé la France sur ce point à plusieurs reprises, mais sans que cela ne changea en rien le cours des choses.

Donc, pour faire bref :

Désormais les œuvres des auteurs qui ne sont pas dans les "biens vus" du système (le plus clair du temps, cela se traduit par une "non-réédition") peuvent être l'occasion de faire un catalogue gratuit pour des éditeurs numériques sans trop de scrupules et quelques revenus conséquents avec pub à l'appui sur leur site Internet. Bien évidemment cette loi annule purement et simplement la jurisprudence qui avait été créée dans l'affaire Le Seuil contre Google...

Robert-Louis Stevenson attaquait déjà vivement les éditeurs "pirates" (et oui, cela ne date pas d'hier). Il avait même eu l'intention de se lancer avec Thomas Hardy dans la création d'une maison d'édition coopérative, gérée par les auteurs et dans celle d'un syndicat d'auteurs. Sa santé ne lui a pas permis de poursuivre ces projets. Il préconisait encore de traîner devant les tribunaux de tels escrocs. 

Si bien des éditeurs échappent à ces critiques, les "pirates" sont quand même moins rares qu'on ne le pense, mais avec plus de nuance. Il est ainsi assez fréquent que des éditeurs se "trompent" sur le nombre des œuvres vendues (cela était même devenu une habitude dans l'édition multimédia en France), ou encore, plus mesquin, qu'ils retiennent sur les droits d'auteur, des sommes destinées à payer diverses taxes et notamment la Sécurité Sociale...et qu'ils oublient par la suite de les reverser aux organismes chargés de les collecter. Ce qui prive un auteur de ses droits sociaux...

Grâce aux députés de l'actuelle majorité présidentielle, une chose est désormais acquise, le "piratage" n'est plus un délit puisqu'il est autorisé par la loi.

Encore un détail, mais qui en dit long sur les méthodes de notre "belle démocratie" : cette loi a été voté en soirée avec 19 députes présents de la majorité présidentielle

Dernier point : 500 000 à 700 000 titres seront ainsi remis sur le marché en 5 ans, soit comme le remarque le collectif "Le droit du serf" , 10 fois la production annuelle de titres en France. 

Un catalogue de 10 000 titres peut facilement être ainsi constitué en e-book. Notons pour ceux qui ne connaissent pas l'édition, qu'un tel catalogue a une forte valeur "financière"

Quant aux très gros de l'édition et de l'Internet (style Google), voilà 700 000 livres gratuits qui tombent dans leur escarcelle. Merci Messieurs les députes de la majorité présidentielle et merci monsieur le canditat-sortant...du peuple.

N'oubliez pas à la fin de cette saine, mais déprimante, lecture de :

1) signer la pétition en ligne :

http://www.petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2012N21047

2) joindre sur Facebook, le collectif "Le droit du serf".

 

Précision : Attention à la  confusion entre LE droit d’auteur — qui signifie le droit au sens juridique et comprend le "droit moral" (le droit de faire ce qu’on veut avec nos écrits) et les "droits patrimoniaux" (le fric) — et ce qu’on appelle couramment LES droits d’auteur et qui sont la rémunération, le pourcentage que l’auteur perçoit sur le prix de vente du bouquin. 
La loi, qu’on peut lire sur le site de l'assemblé nationale, ne prévoit pas que les auteurs ne seront pas rémunérés, mais "seulement" (et c’est déjà beaucoup) qu’on ne leur demande pas leur avis avant de publier leurs ouvrages en numérique, qu’on ne leur propose pas de signer un contrat, et qu’on partage leur rémunération (basée comment ? Pas moyen de le savoir, puisque pas de contrat) avec l’éditeur qui a laissé tomber le bouquin, puisqu’on parle ici d’ouvrages indisponibles, c’est à dire qui ne sont plus commercialisés.

 

Le texte de la pétition :

Mesdames et messieurs les députés,
Mesdames et messieurs les sénateurs,
Après son adoption par le Sénat le 13 février, l’Assemblée nationale a voté le 22 février la loi relative à l’exploitation numérique des livres indisponibles du XXe siècle.
Cette loi vise à rendre accessible sous forme numérique l’ensemble de la production littéraire française du XXe siècle dès lors que les œuvres ne sont plus exploitées commercialement. Elle prévoit que la BnF recensera dans une banque de données publique l’ensemble desdites œuvres dont l’exploitation sera gérée par une Société de perception et de répartition des droits (SRPD) qui assurera, de façon paritaire, une rémunération aux éditeurs et aux auteurs.
Après lecture attentive, il nous apparaît que ce texte ne répond pas à l’objectif affiché de concilier la protection des auteurs et l’accès de tous aux ouvrages considérés comme introuvables. Au contraire il dévoie le droit d’auteur défini par le Code de la Propriété Intellectuelle, sans offrir la moindre garantie à tous les lecteurs de pouvoir accéder aux ouvrages dans des conditions raisonnables.
Il est entendu que, par « auteurs », nous désignons ici les écrivains, les traducteurs, les dessinateurs et les illustrateurs, auxquels sont évidemment liés leurs ayants droit.
Pour rappel, le droit d’auteur est inaliénable et confère aux auteurs et à leurs ayants droit la libre disposition de leur œuvre et de ses exploitations. C’est, entre autres, pour cette raison que vous avez statué sur le droit de copie et sur ce qu’il est convenu d’appeler piratage en matière d’œuvres numériques.
Selon la loi, les auteurs ou ayants droit auront obligation de s'opposer à l'inscription de leur œuvre sur la base de données, ce qui revient à effectuer une confiscation automatique de la propriété des auteurs et ayants droit, avec une possibilité très limitée de rétraction par les propriétaires légitimes des œuvres. Il s’agit donc d’une profonde remise en question du droit d’auteur.
Pour information, il est rarissime que l’indisponibilité d’un ouvrage ressortisse à la volonté délibérée de l’auteur ou de ses ayants droit. Dans une immense majorité des cas, elle est le fait des éditeurs auxquels les auteurs ont cédé le droit d’exploitation commerciale et qui ont cessé d’exploiter ce droit sans toutefois leur en rendre l’usage. Or, la loi prévoit que l’éditeur en défaut de commercialisation bénéficie au même titre que l’auteur des dispositions de la loi.
Pour réflexion, il arrive également qu’un auteur ne souhaite pas que tel ou tel de ses ouvrages soit remis dans les circuits de diffusion, par exemple parce qu’il a depuis publié un autre ouvrage plus complet auquel la publication numérique du précédent ferait concurrence.
L’auteur seul – ou à défaut ses ayants droit – peut décider d’une nouvelle diffusion de son œuvre. Tout éditeur – numérique ou papier – qui souhaiterait exploiter son œuvre se doit au premier chef de lui proposer un contrat.
Pour comble, la facture générée par la collecte des données et les frais de fonctionnement des sociétés agréées aura un coût important qui rejaillira directement sur le prix de vente des ouvrages ainsi exploités et sur la rémunération des auteurs, entraînant l’un à la hausse et l’autre à la baisse.
En conclusion, au regard des achoppements que nous vous exposons, nous vous appelons à œuvrer pour l’abrogation pure et simple de cette loi qui ne fait qu’instituer un piratage officiel et général des œuvres littéraires du XXe siècle sous la forme d’une atteinte sans précédent au droit de propriété, ici celui des auteurs.

 

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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 08:50

Reproduction d'un article paru ce matin sur le site AGORAVOX.


Je le reproduis car depuis quelques jours, plusieurs "détails" de l'affaire Merah faisaient se demander à la journaliste en moi dans quelle mesure Merah aurait pu être instrumentalisé par des franco-barbouzes ayant intérêt à faire peur à la France des électeurs apeurés. D'autant que ma tête malade ne peut s'empêcher de faire un lien avec la tuerie de Nanterre, campagne présidentielle de 2002, même jour, même heure (ou à peu près) et meurtrier lui aussi mort en tombant par la fenêtre -du commissariat.

Ce que j'écris suppose que je puisse envisager qu'au sein de la République, certains n'hésitent pas à faire tuer des innocents pour conserver le pouvoir. J'avoue, je l'envisage. La "police des polices" n'hésite pas à créer des faux pour faire tomber des supers flics trop de gauche (ou pas assez de droite), à monter des affaires, etc.. La violence politique en est arrivé à un tel degré au sein des droites françaises que le pire est devenu envisageable et, dans ce cas, il me semble plus raisonnable de l'envisager.

A 20 ans, pendant la pré-campagne de 1981, je recevais régulièrement des menaces de mort au téléphone, des barbouzes de Giscard  à cause de mes activités de "gauchiste" (je passe le reste sous silence). J'ai donc été vaccinée très tôt..

 

L’étrange relation entre Mohamed Merah et Bernard Squarcini

 

 Un jeune de banlieue particulièrement perturbé qui entre en confidence avec les fonctionnaires des services spéciaux français : on aura tout vu, décidément, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Car ne nous leurrons pas : c'est bien ce qui s'est passé, au point aujourdhui d'en arriver à regarder tout autrement ce qui s'est passé à Toulouse. En ce moment, on le voit tous les jours, les américains, via leurs drones tueurs, liquident un par un tous leurs anciens amis talibans. Sysématiquement. Ceux qui les ont tant aidés jadis à repousser les soviétiques en Afghanistan. J'avais écrit il y a quelque temps qu'ils effectuaient un solde de tout compte, ce faisant. Partir du pays, certes, mais en ne laissant derrière eux rien qui puisse ressurgir un jour de leurs agissements et de leurs compromissions avec ceux qu'ils vitupèrent tous les jours depuis qu'ils se sont retournés contre eux. En France, nous ne possédons pas de drone (sinon des copies israéliennes recarossées par Serge Dassault, pour nous les vendre à un prix exorbitant). Mais nous pratiquons de même, en éliminant ceux qui, à un moment de leur vie, ont pactisé avec des services placés aujourd'hui au pied du mur et forcés de révéler leurs liaisons douteuses. Et même apeurés par les possibles révélations, à en avoir pris les devants aujourd'hui dans les colonnes du Monde.

Mohammed Merah lui aurait dit, à lui où à un de ses fonctionnaires "de toute façon, je devais t'appeler pour te dire que j'avais des tuyaux à te donner, mais en fait, j'allais te fumer (*)," finit par lâcher Bernard Squarcini dans une interview sollicitée au journal le Monde pour tenter de masquer son rôle délétère dans ce qui devient une histoire sordide, comme si les meurtres d'enfants d'une école juive ne l'avaient pas encore assez été. Qu'est-ce qui peut faire qu'un paumé de banlieue de 23 ans puisse parler sur ce ton à l'instance la plus haute, en France, des services de sécurité du pays ? D'où lui est venu cette familiarité, à ce jeune meurtrier qui écrivait pourtant à son juge sur un ton très respectueux ? Pourquoi en était-il arrivé à autant de familiarité avec ce fonctionnaire ou ses subordonnés ? Pourquoi en être arrivé à vouloir souhaiter tuer celui qu'il aura eu pendant des mois comme interlocuteur privilégié ? S'est-il senti trahi ? Pourquoi en est-il arrivé, avant de voir sa vie se terminer au bout de l'entonnoir qu'il s'était construit, ou qu'on lui avait fabriqué, à vouloir dire qu'il avait "mis la France à genoux ?" En quoi pouvait-il penser l'avoir fait en commettant de pareils actes ?

Pour une raison simple : on lui avait confié un rôle. Un double rôle, à l'évidence. Le jeune jihadiste devait en avoir à nous dire, en effet. Et mort, Bernard Squarcini s'est empressé de parler à sa place. Tellement rapidement que le soupçon n'est même plus supposé. Le lendemain même où le pantin terroriste été retrouvé en bas de son immeuble criblé de balles, l'homme qui avait demandé à le rencontrer à l'automne 2011 est venu aussi vite parler à sa place, pour nous dresser un tableau hallucinant du personnage, mais aussi et encore plus de ses propres relations avec lui. A dresser le tableau de quelqu'un qui le connaissait très bien depuis... 2007. Celui d'un jeune de banlieue sans le sous, ou vivant d'un RSA (un peu plus de 400 euros par mois) ayant déjà fait tamponner son passeport dans neuf pays, et non des moindres. Mais laissons donc le "Squale" en dresser lui-même la longue liste : "il a passé du temps chez son frère au Caire après avoir voyagé au Proche-Orient : Turquie, Syrie, Liban, Jordanie, et même Israël. A Jérusalem, la police découvre un canif dans son sac puis le relâche. Ensuite, il se rend en Afghanistan en passant par le Tadjikistan. Il prend des parcours qui sont inhabituels et n'apparaît pas sur nos radars, ni sur ceux des services extérieurs français, américains et locaux. Il arrive le 13 novembre à Kaboul, il est contrôlé le 22 novembre à Kandahar et il rentre en France le 5 décembre 2010." Neuf pays vous ai-je dit : oui, car à la liste, il faut aussi ajouter le Pakistan et même... l'Iran, qui comme chacun le sait, est un pays où l'on rentre très facilement... c'est bien connu !!! "Un autre élément troublant sur les déplacements de Mohamed Merah reste à éclaircir : sa présence en Iran "à deux reprises" d'après une source militaire française en Afghanistan. Interrogée par Le Monde, mercredi, la DCRI, chargée du contre-espionnage et de la lutte antiterroriste, a démenti ce séjour" apprend-t-on encore ce jour.

En fait, fort étrangement, ce n'est même pas le gros poisson de la sécurité française qui prend les devants en 2010. C'est le jeune de banlieue, fiché pourtant comme délinquant à surveiller par la police ou la médecine psychiatrique, qui décroche son portable et appelle Squarcini en personne : et il ne le fait pas alors qu'il est rentré, non, il le fait... à partir du Pakistan même. Tout le monde sait bien que c'est d'un naturel fou, pour un gamin de Toulouse qui avant ses voyages à 21 ans n'a jamais mis les pieds au dehors de la ville rose, à part une petite incursion en Espagne, d'appeler de son propre chef les services de renseignements français, au prix où sont les communications téléphoniques, même au fin fond d'une échoppe de communication pakistanaise : " Mohamed Merah l'appelle le 13 octobre 2011 car il n'est pas en France à ce moment-là, il est au Pakistan. "Dès que je rentre, je vous contacte", a-t-il dit. Le 3 novembre, il rappelle de l'hôpital Purpan, à Toulouse, ou il est hospitalisé pour une hépatite. "Dès que je sors, je viens vous voir", assure-t-il. Il fait preuve d'une excellente coopération, d'éducation, et de courtoisie" raconte le chef du renseignement français. Car, fait totalement hallucinant pour celui qui a déjà eu maille à partir avec la police locale (au point de vouloir dégommer son représentant !) ; et vient de sortir d'une période de 9 mois de prison (pour une condamnation à 18 mois, preuve qu'emprisonné il s'est montré plutôt coopérant, pour une tête brûlée manifeste), celui qui possède un casier judicaire lesté de 15 condamnations pour des faits sérieux (dont des agressions physiques), vient tranquillement causer le bout de gras avec un fonctionnaire de la police du plus haut niveau (Squarcini parlant d'un de ses afjoints comme interlocuteur). Et c'est lui qui propose le rendez-vous ! Un fonctionnaire un peu à côté de ses dossiers, puisqu'il oublie de lui parler ce jour-là d'une interdiction de prendre un avion américain, pour le cas où il y aurait une prochaine fois de programmé pour ses talents évidents de voyageur sans le sou vaillant.

Les autres services secrets, ceux de la concurrence pourrait-on dire, qui ont stipulé en 2011 que la rixe à laquelle a participé notre excité vient de lui fermer définitivement la porte des voyages sur les lignes US. C'est la deuxième fois, en prime, que les services US envoyaient la menace à leurs collègues français. la première fois, c'était en 2010... et ce sont eux qui avaient payé le retour à la case départ du Toulousain. Ce que raconte, toujours à sa façon, son illustre confident Squarcini : "après un simple contrôle routier à Kandahar, en Afghanistan, en novembre 2010, qui est effectué par la police afghane. Ils le remettent aux Américains qui l'ont forcé à remonter dans l'avion pour rentrer à Kaboul. La direction de la sécurité et de la protection de la défense (DPSD), un des services de renseignement des armées, nous a signalé l'incident". Un an avant que le jeune homme se propose de venir s'expliquer, les gens à qui il s'adressaient savaient déjà tout de lui, via l'ambassade française au Pakistan et celle d'Afghanistan qui avaient averti la France du "cas" Mérah. On a dit qu'il avait un "lourd passé", à Toulouse. Ailleurs aussi, sans nul doute !

Un cas passionnant en effet : débarqué devant les fonctionnaires, raconte toujours l'homme à l'allure du prédateur des mers, dont il a gardé le surnom, voilà notre étrange Phileas Fogg de banlieue venir étaler ses photos de vacances, assure le proche de Nicolas Sarkozy, avec un Merah qui le prend bien entendu au mot, dans une séquence qui tourne au surréalisme : "il vient à l'entretien avec sa clé USB qui contient ses photos de voyages. Il demande à s'allonger sur la table pour pouvoir discuter parce qu'il est malade, dit-il. Il explique en photos tout le parcours touristique qu'il a réalisé au Proche-Orient, en Afghanistan et au Pakistan. " Un fonctionnaire des services de renseignement qui feuillette un album de photos "familial" ou de randonnée et semble s'en contenter, avouez que c'est tout aussi rare qu'un tueur en scooter qui circule sur un engin dont on connait la trajectoire au mètre près grâce à sa puce émettrrice incorporée ! Sidérante scène !!! Racontée ce jour par Bernard Squarcini en personne !

Alors, reprenons un peu nos esprits, choqués à la fois par les crimes commis et par ce qu'on lui a demandé de faire quelques mois auparavant, à ce Mohammed en scooter. Les américains, a-t-on dit, ont déclaré le jeune banlieusard persona non grata au Pakistan. Très bien, découvrons exactement pourquoi, en examinant où notre photographe de vacances s'est rendu pour remplir sa clé USB. Pour cela, il suffit de demander à son frère. Ou à sa mère, tiens, plutôt. Cette dame, qui semble bien avoir eu tout le mal du monde à élever ses enfants après que son mari ne l'ait quittée pour rentrer en Algérie, s'est depuis remariée. Avec un monsieur dont le nom de famille est Essid. Un nom que les fonctionnaires de la DGSE de l'époque connaissaient bien : ce monsieur a en effet lui-même un fils, qui s'appelle Sabir Essid. En 2007, en Ariège (et donc a proximité immédiate de Toulouse), il avait fait parler de lui, ce garçon. Et pas qu'un peu, car la presse titrait alors "une filière terroriste démantelée à Toulouse". Une filière où des noms étaient apparus. Et mieux encore : une filière bien connue de la DGSE ! Qui emmagasine dans ses ordinateurs regroupés en "clusters" dans une immense salle blanche des millions de fichiers, sur des prérendants au terrorisme... ou sur les groupes de djihadistes, alors que Mérah continue à être présenté comme un "loup solitaire"...

A l'époque, comme récemment, on avait indiqué la méthode pour les "surveiller"  : "La détection d'un islamiste radical parti pour l'Afghanistan ou envisageant de le faire commence souvent dans le secret du bureau d'un magistrat antiterroriste ou d'un policier de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Les enquêtes en cours sur les « nouvelles filières afghanes » permettent d'identifier les membres des groupes plus ou moins organisés envoyant des « volontaires ». Chaque individu et ses proches font l'objet d'une surveillance. Les écoutes téléphoniques, les interceptions Internet, les témoignages recueillis dans l'entourage, l'aide éventuelle d'indicateurs permettent souvent de « découvrir » un ou plusieurs nouveaux djihadistes." Une méthode qui n'a donc pas marché, mais le Figaro comme le Squale ont la solution à ce dysfonctionnement : "Cette détection ne connaît qu'une seule faille : elle suppose l'existence d'un réseau, même informel. Un homme seul partant par ses propres moyens a des chances de passer inaperçu. Selon les déclarations du procureur de la République de Paris, ce serait le cas de Mohamed Merah, parti pour l'Afghanistan sans passer par des « facilitateurs » liés à des groupes radicaux". D'où le pilonnage de la presse actuellement pour présenter la thèse du loup... agissant seul. En Ariège, c'est vrai que les loups on connaît... "Chercheuse à la chaire d'histoire du monde arabe du Collège de France, Nora Benkorich note que dans la mesure où des témoignages et plaintes ont montré que Merah pouvait avoir un comportement dangereux, les autorités "ont plutôt intérêt à miser sur un loup solitaire chez qui les meurtres ne pouvaient pas être anticipés", note finement Rue89.

En 2007 en prime, c'était déjà une répétition, car"ce n'est pas la première fois que de jeunes extrémistes se revendiquant d'Al Qaïda font parler d'eux à Toulouse" écrivait alors la Dépêche. "Preuve de l'enracinement d'un phénomène inquiétant dans les cités, comme du travail de fond de la mouvance salafiste. Fin 2006, en Syrie, non loin de la frontière avec l'Irak, deux jeunes hommes sont arrêtés. L'un est un Albigeois de 28 ans, Thomas Barnouin, l'autre un Toulousain de 22 ans, Sabri Essid. « Des frappés qui étaient prêts à se faire sauter en Irak », lâche alors une source proche de l'enquête. Expulsés en France, les deux jeunes sont cueillis à Roissy par la police qui les attend." Des jeunes, en 2006, provenant des mêmes quartiers : "Issus des quartiers de la Reynerie, de Papus, des Izards, Stéphane Lelièvre, Imad Djebali, Mohamed Megherbi et Sabri Essid, ainsi que l'Albigeois Thomas Barnouin, partageaient leur vie entre petits boulots et prières à la mosquée. Ils s'étaient mis en tête de résister aux Américains présents en Irak". Regroupés par ce que la Dépêche résume ainsi sans hésiter : "c'était le bureau de recrutement pour le djihad islamique". Le salafisme toulousain, c'est donc comme le cassoulet du même coin ; aujourd'hui, c'est la version réchaufée qui est celle la plus prisée. Dès 2007, on savait tout de la filière, comme quoi les "entraînements" armés n'avaient pas lieu au Pakistan mais... en Egypte : 'La filière toulousaine, elle, fonctionnait depuis plusieurs mois, et aurait recruté une dizaine d'apprentis djihadistes, dont certains auraient rallié la Syrie en bus. « Il y avait une première phase d'endoctrinement, explique un enquêteur. Puis, les jeunes étaient envoyés en Égypte, pour des séjours de plus en plus longs. » Une phase de préparation, plus dure, était ensuite organisée : stages sportifs, conditionnement à base de vidéos de combats de djihad. Les candidats djihadistes devaient compléter leur « formation » en Égypte, dans une école du Caire, avant d'atteindre l'Irak, via la Syrie.'
 
Les officiers de la DGSE, qui les"cueillent" à leur descente d'avion de Syrie, à une époque où ce pays coopérait avec la France, Sarkozy commençant un rapprochement certain avec El-Hassad. Une DGSE qui en ramasse plein ses filets, de salafistes : "Le lendemain, le 14 février 2007, un vaste coup de filet est aussitôt déclenché par la Sous-direction anti-terroriste, la Police judiciaire et les RG. A Reynerie, à Papus, aux Izards, dans la banlieue parisienne et dans le village d'Artigat en Ariège, onze personnes sont interpellées. Dans les filets des enquêteurs : des jeunes de nationalité française. Certains sont originaires du Maghreb. Beaucoup sont de récents convertis à l'islam. À Artigat, un couple franco-syrien, âgé d'une soixantaine d'années, est soupçonné d'avoir joué les prédicateurs. Le 23 octobre 2007, dans la même affaire, lors d'une seconde vague d'interpellations dans la Ville rose et le Lot, les policiers arrêtent un Toulousain. Officiellement étudiant, il aurait formé au combat rapproché les deux candidats au Jihad. Des cités toulousaines à l'Irak, c'est toute une filière d'endoctrinement, d'acheminement et de combat que les policiers estiment avoir démantelée". La Syrie, comme zone d'envoi pour passer en Irak, et aller se faire un bel avenir (mais plutôt bref) de kamikaze, pour la simple raison que le gourou religieux ariègeois était (et est toujours) Syrien d'origine ! Des gens "surveillés de près" à l'époque : "les membres du réseau toulousain étaient étroitement surveillés depuis plusieurs mois par les renseignements généraux, la police judiciaire et la sous-direction antiterroriste (SDAT)." Au point de les attendre au bas de l'échelle de coupée à leur retour, ce que Bernard Squarcini ne sait plus faire (ou ne souhaite plus faire) en 2010 et 2011, au retour des deux voyages de Mohammed Mérah ! Le Figaro semble lui aussi depuis avoir oublié sa description forte du cas de Thomas Barnouin, devenu Thomas-Abdelhakim... et son itinéraire à la Merah !

Un Barnouin déjà très "écouté".... "Il quitte Médine juste avant un coup de filet des services de sécurité saoudiens. Mais sa trace n'est pas perdue pour autant. Les Saoudiens ont enregistré ses communications téléphoniques avec deux amis toulousains, auxquels il a donné rendez-vous en Syrie. Durant ses trois ans à Médine, Barnouin est resté également en contact avec les autres membres du réseau toulousain, démantelé en février par les policiers français. Parmi les huit hommes mis en examen, le cerveau du groupe, cheikh Olivier Qorel, 60 ans, Français d'origine syrienne, habitant Artigat, un village de l'Ariège. C'est lui qui convainc Sabri Essid, un compagnon de Barnouin, d'aller rejoindre ce dernier en Syrie, via la Bulgarie et la Turquie. « Tu retrouveras ta copine au paradis, mais avant vend ta voiture et règle tes dettes » lui enjoint Qorel."

Un prototype de Mohammed, que ce Barnouin, comme le décrit le Figaro, qui oublie régulièrement qu'il détient des trésors qui disent le contraire de ce que sa direction actuelle aux ordres lui fait écrire : "comme la plupart des 25 à 30 djihadistes français, partis depuis quatre ans dans l'ancienne Mésopotamie, il n'avait pas d'expérience militaire. Si ce n'est les exercices de combat rapproché, auxquels les membres du réseau toulousain s'entraînaient régulièrement à cinq heures du matin dans une cité de la Ville rose. « Pour être prêt physiquement le jour où l'on devrait partir pour la guerre sainte », reconnaîtra l'un d'entre eux. « Même si on est loin des camps d'al-Qaida en Afghanistan, ce n'est tout de même pas très rassurant », s'inquiète un policier. D'autant que sur leurs ordinateurs, les enquêteurs ont retrouvé un florilège de vidéos islamistes. L'une d'elles livrait la recette de fabrication d'une bombe artisanale. Une autre martelait que « la meilleure mort, c'est la mort au combat ». Pas besoin de s'entraîner au Pakistan, donc : une "cité" toulousaine suffit !

Une filière qui atterrit donc logiquement en prison, après un procès en juin 2009 où apparaît un autre nom, comme "sympathisant " : celui d'Abdelkader Merah "soupçonné mais pas inquiété" dit la Dépêche. Le frère de l'autre. Un frangin qui a une emprise notable sur son petit frère, une emprise religieuse que les policiers connaissent là encore très bien : "son voyage en Irak aurait été facilité par son frère Abdelkader connu des services de police français pour avoir participé à l'organisation d'une filière islamiste basée dans la région toulousaine en direction de ce pays. Ce frère et sa sœur, considérés comme les "religieux de la famille Merah", selon un policier de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), auraient séjourné au Caire dans une école coranique où la proximité avec les réseaux salafistes régionaux ont permis de mettre sur pied cette filière." C'est fou ce qu'il connaît sur cette famille, notre requin élyséen ! Et c'est fou ces facultés à ne pas se rappeler du rôle "militaire" du grand frère, à entraîner les jihadistes en Egypte, dans son fief !

Fait tout aussi sidérant : qui donc retrouve-t-on comme porteur d'oranges à la prison où sont enfermés les salafistes désireux de finir en martyrs explosés, dont le fils du futur beau père de Merah ? Mohammed Merah en personne, pardi, alors âgé de 19 ans ! "En 2008, Mohamed Merah avait obtenu un permis pour rendre visite en prison à Sabri Essid, ex-grutier, l'un des principaux protagonistes de ce groupe. Les services de police notent, à cette époque, qu'il lui apportait de l'argent. Sabri Essid a été arrêté, les armes à la main, à la frontière entre la Syrie et l'Irak." Un beau-frère embrigadé dans un mouvement salafiste, Mohammed qui le rempace, mais qui n'est pas considéré comme membre du groupe ? On croît rêver ! Cela, l'année même ou le "Squale" devient le directeur de la DCRI (officiellement créée le 1er juillet 2008 par décret du Président de la République, une nomination qui a l'art de rendre furax les anciens de la DST et des RG, forcés à fusionnner). Une volonté Elyséenne, de "surveiller de plus près le terrorisme", le dada d'un président qui crée alors avec "Mam" une sorte de Homeland Security à la française, calqué entièrement sur le modèle US. Un Président qui vient également de nous balancer il y a deux jours une tirade sur l'apprentissage de l'islamisme extrémiste en prison... à partir de l'exemple de quelqu'un qui ne l'était pas alors, en prison, mais qui allait porter des oranges à un taliban en herbe !!! Condamnera-t-il aussi les porteurs d'oranges ?

Les voyages, c'est bien connu, ça coûte. Neuf pays, ça coûte bonbon quand on ne gagne... rien, comme cela était le cas pour le tueur toulousain. De l'argent provenant de où alors ? A coup sûr, en 2007 et 2008, du groupe qui soutient notre autre salafiste près à aller jouer les bombes vivantes en Irak. Un mouvement qui envoie aussi ses recrues au Pakistan, via un obscur mouvement ouzbèke, ce qui va arriver illico à notre Mohammed, remplaçant sur le pouce du beau-frère purgeant sa peine de prison : il a en effet été "pris en charge par le Mouvement islamique d'Ouzbékistan (MIO), qui a pour tâche, depuis la chute des talibans en 2001, d'encadrer les "étrangers" qui viennent combattre "les infidèles" en Afghanistan ou les forces de sécurité pakistanaises qui tentent, périodiquement, de les déloger. Le MIO, qui intègre aussi les combattants déclarés d'Al-Qaida, opère sous l'autorité du Tehrik-e-Taliban Pakistan (Mouvement des talibans du Pakistan, TTP)."

Le Tehrik-e-Taliban ? Voilà qui devient passionnant. C'est en effet le mouvement de Baitullah Mehsud, celui qui est soupçonné d'avoir commandité l'assassinat de Benazir Bhutto ! Les américains, là-bas, avaient leur "envoyé spécial" de la CIA, Michael Headley, qui n'a pas fini mort, lui mais a hérité depuis de la prison à vie sans qu'on ne sache dans quelle prison exactement (façon Ali Mohammed, que sa propre femme cherche toujours aujourd'hui !) ou ont même un successeur (Raymond Davis), qui se fera bêtement prendre dans un sorte de rixe en pleine rue. Les français ne semblant avoir personne, là-bas. Sauf, il est vrai, un jeune "touriste" de 22 ans, qui arrive même à se faire engager dans les mêmes camps d'entraînement que surveillait également Headley... malgré un stature qui n'est pas d'athlète, et qui prend des photos de "touriste" de la région... avant de sagement les rapporter sur une clé USB à qui vous savez. Tout cela avant de se faire repérer pour "faits de droit commun" et de se retrouver à l'ambassade de France, renvoyé par la police pakistanaise, qui prend soin quand même d'aller consciencieusement vider sa chambre d'hôtel (car notre banlieusard a débarqué àl 'hôtel et non en chambre d'hôtes comme il en existe des milliers là-bas).

Un parcours bien singulier, donc, que celui de notre photographe du dimanche... pakistanais. Qui n'a donc pas beaucoup d'amis à Toulouse, à-t-on appris depuis, parlait peu, mais s'épanchait beaucoup chez les fonctionnaires de la DRCI. "Les éléments détenus par les services spécialisés montrent donc des liens entre le tueur présumé de Toulouse, le MIO et le TTP qui lui ont permis d'accéder à cette zone dangereuse, l'ont formé et encadré. Ces connexions avec des structures terroristes reconnues remettent en cause le statut de "personnage solitaire" de Mohamed Merah. Il est par ailleurs surprenant qu'il ait échappé au contrôle de la CIA ou de son homologue française, la DGSE, qui prêtent une attention toute particulière aux combattants djihadistes étrangers venus dans la région et qui constituent une menace terroriste majeure pour leur pays d'origine". Une DGSE qui n'a toujours pas digéré les prérogatives étendues dont s'est emparé le vorace Squale. Une DGSE qui serait passé à côté de la plaque... Mérah. Pas d'amis ou peu à Toulouse, mais un correspondant privilégié qui lui parlera, à sa demande, derrière la porte où il s'était retranché pour ses dernières heures d'existence : "c'est d'ailleurs avec ce fonctionnaire qu'il a "souhaité parlé" lors des négociations avec le RAID, semblant avoir établi avec lui "un rapport de confiance" avoue encore Squarcini. Un "rapport de confiance" qui en dit long, très long, sur les étranges relations entre le terroriste toulousain et les services secrets français.

Sur France-Info, avant-hier, un commentateur avisé avait évalué l'impressionnant arsenal saisi chez Mohammed Merah à environ 5000 euros au bas mot. Le jeune désœuvré, apprenti carrossier ayant acheté son stock grâce à des "cambriolages", présentés depuis hier comme de "simples larcins". Personnellement, voyez-vous, je verrais davantage des revenus provenant de ventes de photos, mais bon, je ne sais pas combien ça se vend, des paysages pakistanais où apparaîtrait un bout de camp du TTP ! Comme ça, par simple analyse et le flair émanant de la déclaration ahurissante de Squarcini, à peine le corps de son "correspondant" refroidi. Car il existe de sales histoires qui sentent fort mauvais, et celle d'un jeune de banlieue prenant aussi souvent l'avion pour se balader autant en deux ans à l'art de remuer des remugles que n'aurait pas renié l'as en la matière, Charles Pasqua, le formateur d'un certain... Nicolas Sarkozy. "Charly" avait en son temps réussi à envoyer au Burkina Faso des prétendus terroristes islamistes qui ne l'étaient en rien, islamistes. Envoyés là-bas sans le sou, ils y sont encore, et pensent toujours à lui, pour sûr.

Envoyé, revenu et... poussé à agîr, mais cette fois en France. Une chercheuse en histoire du monde arabe au Collège de France, Nora Benkorich va plus loin encore : « J'ai lu beaucoup de mémoires de djihadistes, et ce sont tous des radicaux très extrêmes dans leur islamisme. Le côté bon vivant de Mohamed Merah montre, au contraire, qu'il n'a pas agi par conviction profonde. Il faut donc s'interroger sur les moteurs de ses actions. Et parmi les hypothèses, il y a celle d'une commande, d'une influence exercée par d'autres personnes sur lui afin qu'il commette ces assassinats. » Ce qu'on découvrira peut-être en épluchant les participations de Mérah à des blogs et notamment au site du groupe Forsane Alizza, dissous par Guéant en janvier dernier, et ses forums où l'on pouvait s'inscrire pour un entraînement à la guérilla urbaine ! Bien monté en sauce, nôtre jihadiste devient vite chaud comme un cassoulet devenu trop bouillant !

Mohammed Méeah, lui, s'est retrouvé en apprenti-taliban ayant fleurté de trop près avec des apprentis sorciers, qui ont fini par décider de se passer de ses services après l'avoir bien manipulé. J'ai vu ce soir son appartement, ravagé par le tir de 300 cartouches diverses et l'envoi de grenades. En voyant sa cuisine, j'ai pensé à un tir de HellFire à partir d'un drone, dans les zones tribales du Pakistan ! On vient d'apprendre qu'il a été atteint de plusieurs balles (dont deux mortelles,) la plupart, souligne le médecin légiste, tirées dans le dos. Ce qui est en complète contradiction avec Amaury de Hautecloque, le responsable du RAID, dont le témoignage sur France 2 le 23 mars, laisse plutôt pantois. Ses armes "non létales" qui laissent 300 douilles vides et qui criblent quand même le corps du forcené restent une belle vue de l'esprit, comme l'est aussi la nouvelle idée de l'usage de lacrymogène, survenue après que le web ne se soit emparé des reproches à faire à ce ratage manifeste. Jamais auparavant il n'y avait eu allusion à son usage. Son "je donne l'ordre à mes hommes de ne pas riposter", les riverains on pu l'entendre, en effet, et nous aussi en direct sur BFM : Mérah a tiré une trentaine de projectiles (il aurait possédé sur place trois Colt 45), en face dix fois plus. Son "honoré de se mesurer au Raid" une auto-admiration même pas déplacée, plus que gênante. Les crimes de Merah ont été les pires de ses seize dernières années en France Mais j'aurai aimé, tout criminel odieux qu'il ait pu être, l'entendre nous dire ce qu'il faisait en novembre 2011 dans le bureau de quelqu'un venu hier nous dire qu'il venait lui rapporter ses photos de vacances d'un endroit régulièrement bombardé par des drones, car infesté de terroristes talibans qui tuent eux aussi femmes et enfants.

On a parlé de fiasco, pour l'intervention. Personnellement, je pense que pour Bernard Squarcini c'est une superbe réussite. La France ne possède pas de drone tueur, mais arrive à faire exactement la même chose sans.

 

(*) avant hier soir, dans le journal de France 2, la phrase a perdu son langage d'origine ""de toute façon, je devais t'appeler pour te dire que j'avais des tuyaux à te donner, mais en fait, j'allais te tuer" (*),"

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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 09:49

J'ai publié le 22 février chez Stock "Le piège des loups, les 175 maisons de la gestapo", fruit d'un travail entamé dans le plus grand des hasards en 2005 et qui m'a permis de retrouver 175 des lieux -le plus souvent des maisons privées- occupés par la "Gestapo" allemande en France de 1940 à 1944.

Je l'ai fait parce que si quelques ouvrages, dans les années 70, avaient traité la question, aucun n'avait réuni toutes ces maisons, essentielles à mes yeux pour notre patrimoine historique puisque c'est de là que ce joua la traque provinciale et quotidienne des Juifs français et étrangers et des résistants par ce service de répression.

Je précise que je n'ai pas travaillé sur les lieux occupés par les gestapistes français ni sur ceux de la Milice qui réprima pourtant souvent pour le compte de ces services.

Il reste beaucoup à faire dans ce domaine.

J'ai fait ce travail, moi qui ne suis pas historienne, avec l'idée qu'il serait repris un jour par des historiens disposant d'une culture plus étendue et d'outils plus affutés que les miens.

 

 

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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 11:59

Perdre son AAA en littérature, rien de plus simple.. ça m'arrive 2 ou 3 fois par mois. Il suffit d'un lecteur mécontent.

Le hasard veut que dans le cas de "Franz Stangl et moi", les critiques de lecteur marchent par paire ; du triple A au triple zéro dans la même semaine

Je ne bouderai donc pas mon plaisir de présenter une des ces paires emblématiques, publiée sur le net à 3 jours d'intervalle

 

26 JANVIER

Dominique Sigaud livre un roman d’une acuité rare et d’une intensité historique bouleversante sur Franz Stangl, le bourreau de Treblinka, qui envoya 900 000 personnes à la mort. C’est un livre qui se relit et se relit. Rare. 

Exceptionnel

Juin 1971, Dominique Sigaud n’a que 12 ans ; son regard se pose sur des squelettes et des barbelés, et elle n’oublie pas le procès Franz Stangl, commandant des camps de Sobibor, puis de Treblinka. Quarante ans plus tard, dans « Franz Stangl et moi », la journaliste-écrivaine sonde ce bureaucrate du chaos, responsable de la mort de neuf cent mille personnes, en impliquant son « Moi », une femme née après ce qu’elle rebaptise la « werra », « à la fois le désordre de la guerre et le scandale de l’anéantissement, la dévoration et la lutte armée ». Ce « moi » dont la sensibilité et la réflexion et visent à cerner l’intimité et les abysses de Stangl. Une tentative pour Dominique Sigaud, sans être ni une survivante ni un témoin de parler de la Shoah, comme l’avait engagé Jonathan Littell avec « Les Bienveillantes ». A partir du cas Franz Stangl, incarnation de la banalité du mal, qui justifia ses crimes par : « c’était le système, il fonctionnait » l’auteure saisit à vif, chez ces maîtres de la werra, une « capacité à ne jamais devenir témoins », à être interchangeables, à déserter devant soi. Elle poursuit sa pensée, jusqu’aux pères de ces génocidaires, tout aussi déserteurs d’eux-mêmes, et ne craint pas d’affronter l’intime de ces monstres. C’est pour ce parti-pris original et parfois déroutant que « Franz Stangl et moi » est un livre troublant et remarquable.

 

 29 JANVIER

A éviter!!!!!

Ce roman n'est en fait abolument pas un roman mais s'apparente plutôt à un essai ou à une longue litanie sans queue ni tête. Moi qui, en lisant la quatrième de couverture, pensais découvrir l'histoire d'un nazi et comprendre comment des êtres humains ont pu faire ces atrocités et vivre avec, quelle ne fût pas ma déception. En fait on en sait plus sur la vie de Franz Stangl en lisant la quatrième de couverture que pendant tout le livre. De plus le style est très hachuré, ce ne sont que des suites d'expression mises les unes derrière les autres, des multitudes de questions et pas de réponses. Il y a en réalité très peu de paragraphes qui soient constitués de vrais phrases. Je l'ai lu jusqu'au bout mais n'ai trouvé aucun intérêt à ce livre que j'ai été ravie de refermer. Bref un livre à éviter!!!!!

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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 08:42

Je reçois parfois des propositions via des réseaux sociaux à devenir "l'amie" de gens que je ne connais pas ;  juste un clic.

La même scène dans la vie réelle : un(e) inconnu(e) m'approche, dit "ami ?". Je dis "oui". L'inconn(e) repart.

 

 

 

 

 

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6 décembre 2011 2 06 /12 /décembre /2011 11:15

« Puisque le peuple n’a plus la confiance du gouvernement, est-ce qu’il ne serait pas plus simple que le gouvernement dissolve le peuple et en élise un autre ? »

Bertolt Brecht après le soulèvement ouvrier à Berlin-Est en 1953

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 09:37

cyberaction N° 440 : Pour notre droit à la souveraineté alimentaire - Non aux royalties sur les semences de ferme

http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/droit-souverainete-alimentaire-royalties-semences-ferme-386.html

 

cyberaction mise en ligne le 02/11/2011 ,
Elle prendra fin le : 30/11/2012


Après les financiers qui spéculent sur notre économie et s'enrichissent en torpillant le quotidien de notre vie

Après les pétroliers qui convoitent le gaz de schiste de notre sous sol au péril de nos ressources en eau potable

Voici l'industrie des semences qui veut mettre les paysans, premiers garants de notre nourriture, sous sa dépendance.

[ 18 606 participations ]

Plus d'infos
Une nouvelle proposition de loi sur le Certificat d'Obtention végétale sera débattue à l’Assemblée Nationale en Novembre. Le 8 Juillet dernier, l'ancienne majorité sénatoriale a déjà cédé aux pressions du lobby semencier en approuvant ce texte. Si les députés confirmaient ce vote, les paysans connaîtraient une régression sans précédent de leur droit le plus fondamental : celui de ressemer librement leur propre récolte et d'échanger leurs semences.

Au prétexte fallacieux de « sauver la recherche », l’industrie veut forcer les paysans à acheter les semences qu’elle vend et les empêcher d’utiliser celles qu’ils produisent eux-mêmes ! Ceci nous concerne tous directement : les semences sont la base de notre alimentation et le contenu de nos assiettes dépend de qui les produit. La souveraineté alimentaire ne sera jamais assurée par des sociétés commerciales orientées vers la satisfaction des intérêts de leurs actionnaires.

Le Certificat d'Obtention Végétale est une forme originale de propriété industrielle sur les plantes cultivées. Il permet de garantir à l'obtenteur d'une nouvelle variété le monopole de la commercialisation de ses semences, tout en autorisant son utilisation pour d'autres sélections. La proposition de loi vise à étendre ce droit de propriété aux récoltes, aux semences qui en sont issues et aux aliments qu'elles produisent jusque dans nos assiettes. Elle voudrait interdire aux paysans d'utiliser une partie de leurs récoltes comme semences, ou pour quelques espèces comme le blé, ne les y autoriser qu'en échange du paiement de royalties à l'industrie. Elle veut ensuite interdire la commercialisation des semences que les paysans sélectionnent et conservent dans leurs champs. En cas d'utilisation « illégale » de semences de ferme ou de non-paiement des royalties, elle voudrait que la récolte et les produits issus de la récolte soient considérés comme une contrefaçon ! Or l’industrie semencière n’a jamais rien payé pour utiliser toutes les semences qu’elle a prises dans les champs des paysans afin de sélectionner les siennes. Elle s'est ainsi livrée à une gigantesque biopiraterie. Quelle légitimité a-t-elle pour aujourd’hui exiger des royalties aux agriculteurs qui réutilisent leurs propres semences ?

Le droit ancestral des paysan(ne)s de ressemer et d’échanger librement leurs semences de fermes fait partie de droits collectifs inaliénables qui découlent de leur énorme contribution passée, présente, et future à la conservation et au renouvellement de la biodiversité cultivée. Il est le fondement de l'agriculture, à l’origine de notre culture, de notre gastronomie et d’une cuisine française classée au patrimoine de l’Unesco. Ce droit est indispensable à l’adaptation des cultures aux changements climatiques et à l'environnement local. Il est aussi le garant du stock semencier des fermes et donc de la sécurité alimentaire. Il ne saurait s'effacer devant un quelconque droit privé.

Le métier difficile d’agriculteur repose sur un ressort essentiel : la liberté de choisir et d’agir au fil des saisons. Cette liberté et les droits qui l’accompagnent ont été conquis au fil des siècles par de nombreuses luttes paysannes. Ce projet de loi remet ainsi en cause des siècles d’émancipation paysanne construite sur la contestation du servage. Il balaye de la main cet acquis pour instaurer une nouvelle féodalité dans laquelle l'industrie semencière prélève des taxes sur le produit du travail du paysan.

Il est inacceptable que la loi, censée défendre l'intérêt général, renforce les droits privés de l'industrie semencière au détriment des droits collectifs paysans, parmi lesquels le droit de ressemer librement sa propre récolte est l’un des plus emblématiques.

Cette cyber @ction pour la défense des semences de ferme, se situe dans le cadre plus général de la CAMPAGNE POUR UNE LOI DE RECONNAISSANCE POSITIVE DES DROITS DES AGRICULTEURS PAR LA LIBERATION DES SEMENCES PAYSANNES ET FERMIÈRES
http://www.semonslabiodiversite.com/ 

Cette Campagne a pour objectif de promouvoir une loi globale, garantissant d'abord les droits fondamentaux et ancestraux des agriculteurs, des jardiniers et des artisans semenciers de conserver, de ressemer, d'échanger et de vendre leurs propres semences, et de les protéger de la biopiraterie et des contaminations génétiques. Cette loi devra concerner le brevet, le catalogue, les OGM, la gestion et la conservation des ressources phytogénétiques à la ferme et dans les collections..., tout autant que le Certificat d'Obtention Végétale, afin de ne pas abandonner l'avenir de notre alimentation à quelques firmes multinationales.

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  • : la litterature contemporaine est un des portails vers le monde contemporain ; litterature comme décolonisation interieure
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